La grande traversée du Vercors : Une vue imprenable du Mont Aiguille.
Une vue imprenable du Mont Aiguille.

C’était le troisième jour de notre grande traversée du Vercors. Nous nous sommes réveillés vers 7 heures du matin mais nous n’avons repris notre chemin qu’à 9 heures. Deux heures…rangement du matos (tente et les sacs de couchage, matelas, oreillers), ablutions, préparation du muesli et du café pour le petit déjeuner ; et sans oublier que nous avons perdu au moins 15 minutes à chercher une bouteille d’eau que j’avais égarée. Bref, il faut apprendre à être plus efficace. Il faisait déjà chaud lorsque nous avons quitté le Pré Peyret.

Pré Peyret : Un selfie avec le lumière dorée du soleil levant derrière nous.
Pré Peyret : Un selfie avec la lumière dorée du soleil levant derrière nous.
Notre itinéraire pour aujourd'hui, J3 : 22 km de la traversée du Vercors.
Le profil du dénivelé pour le trosième jour de la grande traversée du Vercors : 800 m D+.

Cette dernière étape d’itinéraire, 23 km, 800 m D+, continuait de nous emmener vers le sud à Chatillon-en-Diois. Moins de distance, moins de dénivelé positif que la veille, la troisième journée serait plus facile : c’est peut-être ce que vous pensez. Nous avons bien noté qu’il y aurait une descente totale de 1600 m D-, avec une longue descente directe plongeant de 1100 m D-, soit une moyenne de 17% de pente.

Grande traversée du Vercors, Hauts Plateaux
L'espace à perte vue, le solitude.. le sentier pour moi tout seul. Que demander de plus ?
Une telle vue vaut tout l'inconfort physique j'ai enduré au cours des trois derniers jours.

Gravons la Montagne du Glandasse

Le 6 premiers kilomètres n’étaient pas très vallonnés, pas de montées ou descentes monstrueuses, mais la chaleur et la lourdeur des sacs à dos ont rendu la marche plus difficile. La pique est arrivée au 6ème kilomètre quand nous gravions le Mont Glandasse,  pour une attaque atroce de 1,1 km avec un dénivelé de 300 m, soit une pente moyenne de 30%. Le fruit de notre labeur était une vue imprenable du Mont Aiguille.

Mont Aiguille
Profitons de la pause selfie pour reprendre notre souffle, après la monté atroce.
Une telle vue vaut tout l'inconfort physique j'ai enduré au cours des trois derniers jours.
La grande traversée du Vercors : Montagne de Glandasse.
Montagne de Glandasse, à 11,7 km : un cairn géant avec une vue à couper le souffle.

Notre chemin continuait, légèrement vallonné, jusqu’au 13eme kilomètre où nous avons commencé la descente vers la Cabane de Chatillon (au 15eme  kilometre). Il y avait un point d’eau (Source de Baume Rousse) à 10 minutes de la Cabane mais nous ne nous sommes pas arrêtés pour vérifier s’il y avait de l’eau. Avec 9 kilomètres à parcourir et tout en descente (1 100 m D -) avant d’atteindre Chatillon-en-Dois, nous pensions que 500 ml d’eau restante nous a suffiraient. D’ailleurs, deux randonneurs nous avaient dit qu’il fallait un filtre à la source, ce que nous ne l’avions pas. Ainsi, avec 500 ml de l’eau et en ne pensant qu’à arriver le plus vite possible à destination que nous entamions la descente de 17% de pente.

Après le premier kilomètre, la descente s’est faite en la forêt, ce qui nous a donné un peu de répit au soleil.

La descente

Toute la descente était brutale, surtout le premier kilomètre du sentier qui plongeait en lacets sur les rochers instables. La chaleur, la concentration requise pour décider où poser les pieds afin de ne pas nous retrouver sur les fesses, l’impact traumatisant sur nous muscules. Nous avions tellement soif que nous avons bu la moitié de ce qui nous restait. Nous aurions pu boire plus mais nous avions tenu compte qu’il nous restait 8 kilomètres à parcourir.

Après le premier kilomètre, la descente s’est faite en la forêt, ce qui nous a donné un peu de répit au soleil, mais les virages serrés continuaient. Une grosse erreur pour ne pas vérifier l’approvisionnement en eau à la Source de Baume Rousse. Il n’y avait rien à fait. Coûte que coûte, il fallait avancer jusqu’à Chatillon-en-Dois. Pendant ces kilomètres interminables, je n’ai rien d’autre en tête que de me concentrer pour poser un pied devant l’autre, en essayer de ne pas penser à ma soif. Les ampoules qui sont apparues sur mes pieds depuis le premier jour de marche n’arrangeaient rien. Je sentais mes petits orteils se pincer chaque fois que mes pieds n’étaient pas posés pas sur un sol lisse, ce qui était presque tout le temps.

Notre descente était enfin terminée après deux heures d’agonie. Je savais que je ne pouvais pas supporter l’idée d’une autre journée de randonnée, surtout après avoir vu les grosses ampoules rouges sur mes pieds. Notre plan initial, à prolonger la randonnée d’un ou deux jours, arrivait à son terme.

Chatîllon-en-Dois

Malheureusement, lorsque nous sommes arrivés à Chatillon-en-Dois ver 17 heures, nous venions de manquer le dernier bus de 10 minutes. Nous commencions à paniquer : les sites internet des hôtels et du camping municipal avaient indiqué qu’il n’y avait pas de chambres / emplacements disponibles pour la nuit. En fait, ce n’était pas le bon moment pour visiter le village, car c’était la semaine du festival des Arts et de la Vigne. Nous avons avisé de tenter notre chance en nous rendant directement au camping municipal :  nous les supplierons de nous laisser un emplacement s’il le fallait !

Chatîllon-en-Dois, l'un des plus beau villages en France.

Alléluia : nous n’avons pas eu à supplier ; le camping n’était en fait pas complet, contrairement à ce qu’il était indiqué sur le site. Il était déjà 20 heures lorsque nous nous sommes installés et avons trouvé un restaurant. Nous visitions Chatillon-en-Diois pour un moment et c’était là que nous avons réalisé que ce village médiéval a reçu le label « Les Plus Beaux Villages de France ».

Le lendemain était un dimanche. Nous étions un peu stressés parce que nous nous méfions de la fiabilité des horaires des transports en commune (du fait de nos huit ans en region parisienne). Selon les horaires de bus, il n’y avait qu’un bus le dimanch. Si d’aventure nous rations le bus ou si le bus n’arrivait pas, nous serions coincés pour un autre jour. Heureusement, le bus s’est pointé à l’heure. La navette nous a ramenés à Die, à 15 km de là.  Depuis Die, nous avons pris un bus jusqu’à Valence (toujours stressés) puis un TER jusqu’à Grenoble. Bref, nous avons mis 5 heures pour atteindre Grenoble, à 85 km de Chatillon-en-Diois.

Les montagnes m'appellent et je dois y aller

Notre grande traversée du Vercors s’est achevée. En termes de distance et dénivelé, cette randonnée n’est pas difficile. La difficulté réside dans le fait que nous avons choisi le mauvais temps, celui la canicule. Sans ce soleil implacable nous frappe, cette expérience de la grande traversée du Vercors serait plus jouissive.

En revanche, c’était peut-être à cause de la chaleur attendue ou de l’autonomie (sans abris gardés) de la randonnée dans les Hautes Plateaux, qu’il n’y avait pas autant de randonneurs que j’y attendais (du moins, par rapport au nombre de personnes que j’ai croissé dans la Vanoise pendant ma dernière randonnée). La solitude est l’une des choses que l’on recherche lorsqu’on part dans la nature.

Les ampoules aux pieds se transformeront en peau mort en quelques jours, la crasse des 3 derniers jours sera éliminée sous une bonne douche, mon énergie sera rechargée par un repas reconstituant, et ma fatigue physique disparaîtra après quelques nuits dans mon propre lit. Comme l’a dit John Muir, “Les montagnes m’appellent et je dois y aller !” Quand et où dois-je partir pour ma prochaine destination ?

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