C’était le deuxième jour de notre grande traversée du Vercors. Nous avons passé une bonne nuit à l’auberge de Corrençon, un séjour imprévu dû à une météo capricieuse. Croisons les doigts : aucune intempérie est annoncée pour aujourd’hui, mais, nous avons appris la veille—il ne faillait pas se fier à 100% aux prévisions, n’est-ce pas ? Après un petit déjeuné rapid sur le pouce, nous reprenions la grande traversée du Vercors vers 8 heures.
Récapitulatif du plan original
Jour 1 :
- Villard-de-Lans à Corrençon-en-Vercors 7 km / 250 m D+
- Corrençon-en-Vercors à Jasse du Play 19 km / 900m D+
Jour 2 :
- Pré Peyret 12,7 km / 300 m D+
Jour 3 :
- Pré Peyret à Châtillon-en-Diois 23 km 750 m D+
Itinéraire modifié
Notre nouveau plan était de faire la deuxième partie du jour 1, Corrençon-en-Vercors à Jasse du Play (19 km / 900m D+), que nous aurions dû faire hier. Si nous étions encore en forme, nous pourrions continuer avec la partie (12,7 km / 300 m D+) prévue le troisième jour et terminer à Pré Peyret. Nous aurions alors parcouru 32 km et 1200 m de dénivelé positif. En fait, nous avons pensé qu’il serait plus judicieux de combiner les deux parties car ce serait une perte de temps pour consacrer une journée entière à faire le 12 km. D’ailleurs, cela nous permettait de rattraper sur notre itinéraire initial et de terminer toujours en 3 jours.
Déroulé
A part quelques lève-tôt au golf que nous avons vu au début de notre marche, et une poignée de personnes sur la route, le premier troçon de 6 km a été calm. Au début, quelques nuages grisâtres nous ont fait peur. Mais ils ont vite disparu.
À la sortie du village de Corrençon, nous avons croisé une tente installée sur un petit terrain couvert de végétaux. Un peu plus loin sur la route, il y avait une autre tente. Nous avons culpabilisé d’avoir pris l’abris dans une auberge et de ne pas avoir affronté les intempéries de la vielle.
À 3.4 km, nous avons vu la première balise indiquant que nous allions entrer dans la Réserve naturelle nationale des Hauts-Plateaux du Vercors si nous continuions sur le GR91. La réserve est une zone peu contaminée par l’homme, car aucune route ni habitation permanent (à l’exception d’une poignée de cabanes) ne peuvent être construites.
À 4 km, nous avons fait une pause au monument symbolique représentant le passage du 45ème parallèle.
La Réserve national national des Hauts-Plateaux du Vercors
Après 6 km, nous sommes entrés dans la réserve. La majeure partie du trajet s’est déroulée sur des chemins parsemés de petits cailloux, sans ombre.
À 10 km, nous traversions la grande prairie de Darbounouse. Quelle magnifique vue ! Le ciel bleu clair (belle mais nous avons besoin de nuages pour nous protéger du soleil), les différentes nuances de verts ponctuées de pierres argentées…c’est un endroit idéal pour se perdre dans la nature…une tranquillité absolue jusqu’à ce qu’un groupe de 6 ou 7 cavaliers apparaisse.
L'échappée belle
Avant de traverser la prairie, nous avons aperçu de loin ce groupe de cavaliers qui se se dirigeait dans la même direction que nous : dans la forêt, vers Le Canyon des Erges. Nous les avons croisés à l’entrée de la forêt. Il semblait qu’une des cavaliers, une jeune femme, n’était très à l’aise avec son cheval et avait du mal à le contrôler. Lorsque les autres cavaliers sont parvenus à nous contourner, en laissant suffisamment d’espace entre les chevaux et nous, la jeune femme s’est rapprochée trop près de moi : à un moment donné, moins d’un mètre ! Si son cheval était dans une mauvais d’humeur, il aurait pu me donner une ruade !
Avec les chevaux devant nous, nous pouvions savoir quel passage les cavaliers avaient emprunté, puisque les ongulés avaient laissé des traces pour nous…leurs crottes ! Comme nous suivions le même passage que les cavaliers, nous devions faire attention à où nous mettions nos pieds. La nature immaculée était temporairement souillée.
Preoccupation d'eau
Nous étions ombragés par les nuages le matin mais l’ombre avait disparu en fin de matinée. La canicule a rendu notre traversée encore plus difficile. Mon marie a emporté 2,5 litres d’eau et moi 1,5 l mais nous craignions d’en manquer, surtout sous cette chaleur. Selon nos recherches en ligne sur l’emplacement des points d’eau, la présence de points d’eau sur les Hauts Plateau est rare. Même s’il y a un point d’eau, l’approvisionnement en eau peut changer : il peut se tarir en cas de fortes pendant les grandes chaleurs.
Dans les 10 derniers kilomètres jusqu’à Darbounouse, nous n’avons toujours pas repéré de point d’eau. Nous avions encore assez d’eau jusqu’à présent mais le soleil implacable augmentait le risque de manquer d’eau avant de trouver un point d’eau. Heureusement, lorsque nous avons dans la forêt du Canyon des Erges, il y avait des tronçons ombragés qui nous donnaient un peu de fraicheur.
Cabane de Jasse du Play
Nous avons continué vers le sud aux alpages de Jasse du Play où se trouvait une cabane non-gardée. Après 6 heures de marche, nous avons joué l’idée de terminer notre marche et planter notre tente. Mais, voyant qu’il n’avait pas de point d’eau près de la cabana et qu’il n’était que 14h00, encore trop tôt pour nous arrêter, nous avons avisé de continuer jusqu’à Pré Peyret, une idée à laquelle nous avions eu ce matin. D’ailleurs, nous pensions qu’il ne serait pas trop difficile de parcourir les 12,7 km / 300 m D+ restants : il n’y aurait pas de grosses montées et nous estimations de pouvoir rejoindre Pré Peyret en 3 heures.
Situation de l'eau
À Jasse de Play, 20 km de la traversée, la situation de l’eau devenait de plus en plus tendue. Nous avions encore de l’eau mais pourrions-nous tenir jusqu’à Jasse de Play. Y-aurait-il des points d’eau à la destination pour réapprovisionner nos récipients déjà à moitié vidés ? Dieu merci, Fontaine du Play, le point d’eau que nos recherches en ligne avaient trouvé, se situé à environ un kilomètre de la cabana, et il y avait de l’eau !
Une jeune fille était assise au bord du point d’eau et remplissait sa grande bouteille d’eau. Après quelques minutes d’attente, c’était à notre tour de remplir l’eau. Il a fallu deux, trois minutes pour l’eau de couler en filet et remplir une bouteille de 500 ml. Comme nous attendions un autre point d’eau peu après, nous avons décidé de ne remplir que 3 de nos 4 bouteilles vides, qui nous a fallu à peu près 10 minutes. Presque entièrement chargé d’eau, nous avons repris notre chemin avec moins de préoccupations.
Quand j’y pense, nous étions imprudents pour ne pas remplir tous nos récipients d’eau ; ce n’était pas judicieux de se fier à l’approvisionnement d’eau, surtout après lisant les commentaires en ligne sur l’incertitude de la situation d’eau sur les Hauts-Plateaux du Vercors. Fortuitement, le deuxième point d’eau est apparu, 2,5 km après le premier. Mais, le débit d’eau était beaucoup plus lent. Il nous a fallu deux fois plus de temps pour remplir une bouteille.
Nos recherches nous avaient montré qu’il y aurait un troisième point d’eau quelques kilomètres après le deuxième. Lorsque nous avons atteint le troisième point d’eau, nous avons déjà vidé une bouteille et envisagé de la remplir à nouveau. Cette fois-ci, nous n’avons pas eu de chance : l’eau s’est tarit au troisième point d’eau. Nous n’avons pas vu d’autre point d’eau jusqu’à Pré Peyret.
Cabane de Pré Peyret
Nous avons surestimé notre forme physique. Le distance de 12,7 km et le faible dénivelé jusqu’à Pré Preyet n’auraient normalement pas été un problème pour nous. Cependant, nous n’avons pas tenu compte de l’accumulation de la fatigue après avoir parcouru 19 km / 900 m D+ sous la chaleur sèche. Abruti de fatigue, notre allure s’est ralentie considérablement. Au lieu de 3 heures prévue pour rejoindre notre destination, il nous a fallu une heure de plus.
Il était 18h30 lorsque nous sommes arrivés. Nous étions probablement les derniers à rejoindre la trentaine de personnes qui reparties autour de la cabane. Le terrain devant la cabane bourdonnait d’activités. Six ou sept tentes et une bâche étaient déjà montées au tour de la cabane et deux ou trois tentes étaient en train d’être plantées. Il y avait des enfants jouaient devant la cabane, des gens décontractés s’allongeaient par terre et profitaient du soleil couchant, des gens discutaient en petits groupes. La chose la plus importante à noter était que le point d’eau (Fontaine des Endettés-avec une alimentation en eau) se situait à juste 200 m de ce centre d’activités !
La plupart des tentes étaient concentrées devant la cabane. Afin d’avoir un peu plus d’inimitié et tranquillité, nous nous sommes installés derrière la cabane, sur un terrain légèrement plus élevé qui nous permettait d’avoir une vue sur tout le monde. Quand nous nous sommes bien installés, il était déjà vers 20h00. Notre diner se composait de deux portions de purée pomme de terre à la viande haché et une portion de chili végétarien, suivies d’un thé. C’était le repas le plus somptueux que j’ai pris depuis longtemps.